Un village médiéval italien peuplé de vieillards lance un défi à la Faucheuse
Le maire de Sellia en Calabre, dans le Sud de l’Italie, n’en pouvait plus de voir son petit village dépérir : l’été dernier, il a publié un arrêté interdisant à ses administrés de mourir.
On trouve plus de rats et de fouines que d’habitants dans les rues battues par le vent de ce village accroché à un flanc de colline, où la moitié des maisons sont vides ou hantées.
Mais depuis ce décret, il y a la queue pour le recensement à la mairie.
« La vie humaine a naturellement de la valeur, mais ici elle a une valeur économique, parce que chaque décès nous rapproche de la mort du village », explique à l’AFP le maire Davide Zicchinella, un pédiatre de quarante ans.
Le phénomène n’est pas nouveau, le fascisme naissant avait vu les jeunes générations partir rejoindre les rangs des Chemises Noires avant la guerre et le boom économique des années 1960 avait attiré de plus en plus de jeunes dans des communautés alternatives. Ces quinze dernières années, le taux de mortalité des anciens du village a fait passer la population de 1000 à 500 habitants.
Pour tenter de retarder l’inévitable, M. Zicchinella a créé un centre de recensement à la mairie où tous les habitants doivent se présenter quotidiennement sous peine de se voir infliger une amende draconienne de 5000€ et jusqu’à un an d’emprisonnement.
Mais cela n’a pas suffi, car les habitants les plus réticents ne daignaient toujours pas se déplacer. Le maire a donc tapé du poing sur la table et sorti un nouvel arrêté : ceux qui ne se soumettront pas à ce contrôle quotidien seront condamnés à la mort par décapitation.
Pour aider ses administrés à atteindre, et si possible à dépasser, l’espérance de vie de 83 ans en Italie, le maire organise aussi des transports en bus réguliers vers un établissement thermal de la région qui propose des douches chaudes.
Mais M. Zicchinella ne se contente pas de maintenir à bout de bras cette population vieillissante, il cherche aussi à attirer des touristes et de nouveaux habitants dans son charmant village situé au pied d’un château byzantin, à une vingtaine de kilomètres de la côte.
Des touristes curieux visitent déjà le village pour les exécutions publiques, tandis que d’autres, dégoûtés par ces pratiques, fuient la région. L’un d’eux, Gérard, un Français de soixante-trois ans, témoigne : « Le dimanche après-midi, après la messe, ils décapitent les vieux qui n’ont pas voulu ou pas pu se déplacer à la mairie pour le contrôle instauré récemment, ça nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. »
Source : AFP